Deux enseignantes, Doris et Marian, visitent les landes du Yorkshire, un an après que leur amie Evelyn y a disparu. Une nuit prises par l'orage, elles se réfugient dans la maison isolée de Stephen Deremid, un temps pianiste pendant la Guerre civile espagnole. Doris quitte la maison dès la fin de l'orage mais Marian reste. En fait, elle soupçonne Stephen d'être responsable de la disparition de son amie.
Avant de faire des étincelles dans les extravagantes productions romanesque du studio Gainsborough (The Man in grey (1943) et The Wicked Lady (1945)) le réalisateur Leslie Arliss et l'acteur James Mason collaborèrent sur ce The Night has eyes. On retrouve certains éléments qui feront le sel des classiques Gainsborough à venir (le romantisme torturé, l'atmosphère gothique) et James Mason s'y exerce déjà à cet emploi de châtelain austère et inquiétant mais le film (adapté d'un roman de Alan Kennington ) verse plutôt dans le thriller gothique.
Le postulat est des plus intrigants : deux enseignantes explorent les landes du Yorkshire en forme de pèlerinage à leur amie disparue sur ses lieux un an plus tôt. Prise dans un orage, elles sont recueillies par un pianiste (James Mason) vivant en solitaire et à l'inspiration tarie depuis son retour de la Guerre d'Espagne. La douce Marian (Joyce Howard) est bientôt sous le charme de son hôte ténébreux, mais de nombreux indices indiquent que son amie Evelyn est passée par là, jetant un voile de soupçon sur la romance naissante.
Leslie Arliss montrera plus tard un certain génie pour alterner les tons et les atmosphères dans ses films Gainsborough et l'exprime déjà bien dans ce qui est seulement sa deuxième réalisation après The Farmer's Wife (1941). Il excelle ici amorcer une direction attendue au récit, tout en la maintenant dans une retenue qui rend jusqu'au bout le film inclassable et imprévisible. Le somptueux décor studio de cette lande brumeuse du Yorkshire évoque le meilleur des productions Universal (la photo de Günther Krampf fait merveille), l'ombre de la disparue planant sur les lieux lorgne autant sur Rebecca que Jane Eyre et l'humeur changeante de James Mason évoquera Barbe Bleue (il suggère lui-même à ses invitées de s'enfermer à clé dans leurs chambres) qu'une histoire de loup-garou puisque les basculements interviennent les soirs de pleine lune.
Tout cela ne reste pourtant qu'esquissé, Arliss ne rentrant jamais de plain-pied dans la promesse de ses amorces d'intrigue. Au contraire l'ambiance ténébreuse s'estompe parfois complètement dans de superbes scènes romantiques (Marian subjuguée par Stephen au piano, leur complicité dans les tâches quotidiennes) ou comiques (les truculents domestiques), le trouble se renforçant parfois par la temporalité floue qu'éveillent certaines séquences oniriques comme quand Marian troque ses vêtement trempés contre une robe d'époque. Même la glaçante découverte d'une pièce macabre du domaine signifiera exactement l'inverse de la terreur initiale.
La révélation progressive du mystère, les ruptures de ton et la mise en scène immersive de Leslie Arliss aura ainsi suffit à nous tenir en haleine le temps d'une narration alerte (le tout dure à peine plus d'une heure) qui fait oublier l'absence de vrai rebondissement et laisse tout espérer. Le twist final n'en est que plus réussi et évident, faisant soudain glisser la vraie folie dans une œuvre jusque-là si incertaine. Une belle démonstration renforcée par un final à la morale impitoyable. Sans totalement égaler le brio des futurs classiques Gainsborough, un thriller rural très réussi et imprévisible.
Avant de faire des étincelles dans les extravagantes productions romanesque du studio Gainsborough (The Man in grey (1943) et The Wicked Lady (1945)) le réalisateur Leslie Arliss et l'acteur James Mason collaborèrent sur ce The Night has eyes. On retrouve certains éléments qui feront le sel des classiques Gainsborough à venir (le romantisme torturé, l'atmosphère gothique) et James Mason s'y exerce déjà à cet emploi de châtelain austère et inquiétant mais le film (adapté d'un roman de Alan Kennington ) verse plutôt dans le thriller gothique.
Le postulat est des plus intrigants : deux enseignantes explorent les landes du Yorkshire en forme de pèlerinage à leur amie disparue sur ses lieux un an plus tôt. Prise dans un orage, elles sont recueillies par un pianiste (James Mason) vivant en solitaire et à l'inspiration tarie depuis son retour de la Guerre d'Espagne. La douce Marian (Joyce Howard) est bientôt sous le charme de son hôte ténébreux, mais de nombreux indices indiquent que son amie Evelyn est passée par là, jetant un voile de soupçon sur la romance naissante.
Leslie Arliss montrera plus tard un certain génie pour alterner les tons et les atmosphères dans ses films Gainsborough et l'exprime déjà bien dans ce qui est seulement sa deuxième réalisation après The Farmer's Wife (1941). Il excelle ici amorcer une direction attendue au récit, tout en la maintenant dans une retenue qui rend jusqu'au bout le film inclassable et imprévisible. Le somptueux décor studio de cette lande brumeuse du Yorkshire évoque le meilleur des productions Universal (la photo de Günther Krampf fait merveille), l'ombre de la disparue planant sur les lieux lorgne autant sur Rebecca que Jane Eyre et l'humeur changeante de James Mason évoquera Barbe Bleue (il suggère lui-même à ses invitées de s'enfermer à clé dans leurs chambres) qu'une histoire de loup-garou puisque les basculements interviennent les soirs de pleine lune.
Tout cela ne reste pourtant qu'esquissé, Arliss ne rentrant jamais de plain-pied dans la promesse de ses amorces d'intrigue. Au contraire l'ambiance ténébreuse s'estompe parfois complètement dans de superbes scènes romantiques (Marian subjuguée par Stephen au piano, leur complicité dans les tâches quotidiennes) ou comiques (les truculents domestiques), le trouble se renforçant parfois par la temporalité floue qu'éveillent certaines séquences oniriques comme quand Marian troque ses vêtement trempés contre une robe d'époque. Même la glaçante découverte d'une pièce macabre du domaine signifiera exactement l'inverse de la terreur initiale.
La révélation progressive du mystère, les ruptures de ton et la mise en scène immersive de Leslie Arliss aura ainsi suffit à nous tenir en haleine le temps d'une narration alerte (le tout dure à peine plus d'une heure) qui fait oublier l'absence de vrai rebondissement et laisse tout espérer. Le twist final n'en est que plus réussi et évident, faisant soudain glisser la vraie folie dans une œuvre jusque-là si incertaine. Une belle démonstration renforcée par un final à la morale impitoyable. Sans totalement égaler le brio des futurs classiques Gainsborough, un thriller rural très réussi et imprévisible.
Sorti en dvd zone 2 anglais chez Network sans sous-titres