Lors du procès d'un trafiquant de drogue, le témoin principal est abattu et le suspect relâché faute de preuve. Convaincu que la loi doit être appliquée coûte que coûte, le jeune avocat de la défense démissionne et passe à l'action en supprimant le trafiquant. Ce qui n'est pas du goût du chef de la police qui envoie deux inspecteurs pour coincer le justicier hors la loi. Celui-ci est d'autant plus motivé qu'il s'avère être le cerveau du trafique de drogue et le commanditaire du meurtre.
Une Flic de choc est une production mettant en valeur différents aspects du polar martial hongkongais. Il s’inscrit dans une volonté d’asseoir Yuen Biao comme une star d’action hors du giron de ses condisciples Sammo Hung et Jackie Chan. Pour l’américaine Cynthia Rothrock, c’est l’occasion de surfer sur la popularité acquise par sa prestation mémorable dans Le Sensdu devoir 2 (1985) où elle fut révélée par Corey Yuen également réalisateur d’Une Flic de choc. La comédienne venait d’ailleurs de voir s’envoler l’opportunité d’incarner l’antagoniste dans Mister Dynamite (1986) de Jackie Chan, la grave blessure de ce dernier ayant reporté le tournage du film.
Une Flic de choc est un polar assez sommaire dans le déroulé de son récit, mais soulevant quelques thématiques intéressantes dans le contexte de Hong Kong. Le sujet de l’auto-justice est amené par l’existence alternative du procureur incarné par Yuen Biao, en terminant radicalement en coulisse avec les dangereux malfrats que la corruption l’a empêché d’inculper au tribunal. La corruption est à cette période un problème relativement résolu à Hong Kong, au prix de politiques agressives et volontaristes, mais dont le souvenir reste encore vivace pour ceux l’ayant vécu dans les années 60/70. Le fait d’imaginer l’ultime recours d’une justice alternative illégale et radicale est donc un argument dramatique efficace, d’autant plus avec un personnage dont le métier détonne des habituels flics que l’on a l’habitude de voir vriller. Yuen Biao se montre très convaincant et va croiser son pendant opposé avec Cynthia Rothrock, policière dure à cuire et croyant encore naïvement à l’application stricte de la loi.Il est dommage que cette confrontation idéologique n’aille pas assez loin dans les situations proposées et les dialogues, mais cela pose en tout cas une base dramatique plutôt solide. Ce manque de profondeur malgré les possibilités est fort heureusement contrebalancé par un spectacle de très haute volée durant les scènes d’actions. Ces dernières sont conjointement chorégraphiées par Yuen Biao et Corey Yuen, offrant un crescendo impressionnant en termes de combats et cascades. Les cascades les plus périlleuses semblent dévolues à Yuen Biao nous offrant d’authentiques instants kamikazes n’ayant rien à envier à son comparse Jackie Chan (la descente en rappel d’un immeuble, l’esquive de voitures cherchant à le renverser dans un parking, le climax sidérant accroché à un avion dans les airs) tandis que les joutes martiales les plus nerveuses seront l’affaire de Rothrock. Le sommet à ce titre survient lors de son duel face à Karen Sheperd (ancienne rivale du temps de leurs compétitions sportives) qui prolonge la tradition des grandes antagonistes féminines étrangères dans le cinéma d’action hongkongais. Usage inventif de l’environnement est des accessoires ordinaires à disposition, bottes secrètes douloureuses et hargne de tous les instants, l’affrontement est un morceau de bravoure époustouflant. La maestria de Cynthia Rothrock, de Yuen Biao (qui la double sur certains mouvements périlleux) et Corey Yuen est à son meilleur et l’étonnante noirceur du récit rend ces moments de plus en plus cathartiques. Melving Wong campe ainsi un méchant délicieusement ignoble et redoutable, et le seul regret du film est de ne jamais voir Cynthia Rothrock et Yuen Biao constituer un vrai team-up pour en venir à bout lors du combat final. On peut sans doute soupçonner les agendas et cadences intenables des productions hongkongaises pour nous priver de cela, les deux stars se croisant très peu et vivant leur aventure chacune de leur côté durant le film. Une Flic de choc n’en demeure pas moins un spectacle nerveux et efficace, voire assez nihiliste selon le montage dans lequel on le voit. Le cut hongkongais dispose en effet d’une fin sombre, et le montage international d’un happy-end tourné après la mauvaise réaction du public et ayant nécessité d’expéditifs reshoots – aisément repérables avec la coupe de cheveux différentes de Cynthia Rothrock.Sorti en bluray français chez Le Chat qui fume